Dépression post-partum : quand le mental tire la sonnette d’alarme
août 11, 2022
Si le baby blues, souvent lié aux modifications hormonales post-accouchement, est plutôt courant après la naissance, la dépression post-partum toucherait, selon l’OMS, jusqu’à 20 % des nouvelles mères. Comment expliquer ce phénomène ? Quels sont les signes à surveiller ? Comment s’en sortir ? Le point avec Manon Luigi Monty, psychologue clinicienne.
Après neuf mois de bouleversement hormonal et un vécu de symbiose avec son bébé, il est totalement normal de se sentir quelque peu désemparée, voire déprimée. La fatigue et la chute hormonale n’aidant pas, on parle même d’une sensation de passage à vide pendant quelques jours, voire quelques semaines : c’est le fameux baby blues. Irritabilité, anxiété, vulnérabilité, sautes d’humeur, tristesse… Les symptômes sont multiples et se dissipent vite.
« La dépression du post-partum correspond, quant à elle, à un véritable syndrome dépressif. Les symptômes sont plus nombreux et beaucoup plus sévères », explique Manon. Pleurs fréquents inexpliqués, irritabilité, pensées suicidaires, anxiété sévère, épuisement, apathie, dévalorisation et incapacité à se projeter en tant que parent… À la différence du baby blues, ces symptômes persistent dans le temps et nécessitent une véritable prise en charge. Et attention, la dépression post-partum ne touche pas que les femmes ! Jusqu’à 20 % des nouveaux pères seraient, eux aussi, concernés.
S’il est difficile de déterminer avec certitude la cause d’une dépression post-partum, il existe de nombreux facteurs qui peuvent contribuer au déclenchement de la maladie : facteurs physiques, hormonaux, sociaux, affectifs, ou encore psychologiques… « La venue d’un premier enfant peut induire de grands bouleversements intérieurs : un réaménagement identitaire important, des processus de deuil – de sa vie d’avant, de l’enfant idéal, de la maternité idéalisée », poursuit-elle. Après un accouchement difficile, certaines mères peuvent même souffrir de stress post-traumatique.
Peut-on s’y préparer ? Selon la psychologue, un suivi pré-accouchement serait nécessaire pour les mères se sentant fragiles dès l’annonce de leur grossesse ou celles qui auraient déjà souffert de dépression ou d’anxiété avant ou pendant la grossesse. D’autres facteurs de risque, tels que la difficulté d’allaiter, la faible estime de soi, des problèmes conjugaux ou encore des traumatismes antérieurs, entreraient aussi en ligne de compte. « Si la dépression post-partum n’est pas traitée à temps, elle peut causer des souffrances chez le père comme la mère, mais aussi chez l’enfant, en entraînant des troubles de l’attachement entre enfant et parent, et en perturbant le développement cognitif, affectif et social de l’enfant », dit Manon.
Dès l’apparition des symptômes, il y a tout un travail à faire – un suivi psychologique permettra de travailler sur cette souffrance, mais aussi sur l’image de soi après une expérience si éprouvante, et, si nécessaire, un traitement médicamenteux s’il y a un risque suicidaire. « Si un travail psychothérapeutique n’est pas mis en place, les symptômes causés par les traumatismes seront handicapants au quotidien », continue-t-elle. Il ne faut surtout pas s’isoler, mais en parler autour de soi.
Si une personne semble présenter ces symptômes dans votre entourage, la première chose à faire est de lui offrir votre soutien, votre amour et votre écoute. « Cet événement doit être interprété comme un message rappelant à la mère la nécessité de prendre soin d’elle, tant physiquement que psychologiquement. Souffrir de dépression post-partum ne fait pas d’une femme une mauvaise mère. Avoir besoin d’aide arrive à tout le monde, à n’importe quel moment », conclut Manon.
Si vous pensez souffrir de dépression post-partum, nous avons toute une équipe de professionnels prêts à vous épauler pour surmonter cette épreuve. N’hésitez pas à les contacter au 401 95 00 ou à prendre rendez-vous avec Manon Luigi Monty au 5 258 44 66.
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